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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

fait revivre en remplissant cette amphore de ses larmes. Cette amphore, on la devine pure et marmoréenne ; autour d’elle flottent tous les rêves du passé ; sur elle planent, dirait-on, les fantômes de la Grèce et de l’Italie antiques.

Et le jeune prince de Campo-Rotondo, ce héros de Basile, nous rappelle la Belle au Bois dormant des humanistes, la jeune fille endormie depuis des siècles dans sa beauté radieuse, et retrouvée, disait-on, sous un mausolée, figure de la Grèce sommeillant sous des manuscrits poudreux et gardant, sous la poussière amoncelée par la succession des âges, la splendeur de ses drames ou la fraîcheur de ses paysages d’idylle. La mer bleue murmure auprès de cette tombe que caresse l’ombre légère des lauriers-roses. La nature méridionale sourit de son éternel sourire. Et Zoza pleure.

Le prince de Campo-Rotondo se réveille, un peu trop tard, comme la Juliette de Roméo ; Zoza n’est pas morte, mais, après avoir tant pleuré, elle s’est assoupie. Une esclave noire profite de cette circonstance pour donner le change au prince, lui fait croire qu’elle est sa libératrice. Elle devient sa femme. Et Zoza, grâce à un talisman, parvient à donner à sa rivale le désir d’entendre conter des histoires, se promettant de lui servir celle du prince de Campo-Rotondo, de la vraie et de la fausse libératrice. Devant le prince charmant et la méchante négrillonne, elle débite son récit. Par ce moyen tout se découvre. La perfide est cruellement punie et le prince épouse enfin la belle Zoza.

Les histoires narrées chez le prince de Campo-Rotondo forment les contes du Pentameron. Il en était qui peut-être venaient d’Orient. Il en était qui