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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

Méditerranée, s’ils n’apportèrent pas avec eux la pantoufle de la fameuse Rhodopis qui devint la pantoufle de la fameuse Cendrillon ? Un aigle, dit l’ancienne légende, ayant volé la pantoufle ; de la belle courtisane Rhodopis pour la laisser tomber devant le trône de Pharaon, le roi, par tout le royaume, aurait fait rechercher la beauté capable de chausser cette précieuse pantoufle. Et l’on nous raconte aussi que la même pantoufle, la pantoufle de vair, de notre Cendrillon, aurait chaussé l’aurore en marche sur le cristal des lointains océans ou dans les prairies étincelantes de rosée.

Car il est une Cendrillon Napolitaine : la Gatta Cenerentola, suivant le titre du conte de Basile, et qui répond elle-même au prénom de Zezolla. Il faut dire que cette Gatta Cenerentola est moins charmante, moins civilisée que notre Cendrillon à nous. Elle a successivement deux marâtres ; elle se débarrasse cruellement de la première à l’instigation de sa gouvernante qui devient la seconde, et qui amène ses six filles chez son nouveau mari. Zezolla n’a d’autre ressource que de se réfugier à la cuisine, mais cette sauvage et criminelle personne ne nous intéresse pas. Comme notre Cendrillon, elle est favorisée par l’amitié d’une fée. Celle-ci apparaît sous la forme d’une colombe, et habite l’île de Sardaigne. Elle envoie à sa protégée un talisman dont Zezolla fera usage pour aller à un bal, magnifiquement vêtue et accompagnée. Sa propre famille ne la reconnaît pas. Le roi s’éprend d’elle. La pantoufle perdue, la recherche du roi, le splendide mariage de Zezolla, nous connaissions tout cela sous une forme plus séduisante et plus jolie.

Dans le conte napolitain de l’Ourse, il s’agit d’une