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LA FÉERIE NAPOLITAINE : BASILE

vraie métamorphose et non d’un déguisement, comme dans le conte français analogue de Peau d’Âne. Nos contes français sont plus rationalistes. Ils n’abusent pas de ces changements à vue qui foisonnent dans les contes italiens. Le prince de Basile, dans la durée d’un éclair, a entrevu la jeune princesse sous son véritable aspect, il reste amoureux de la vision disparue. Or, cette pauvre fugitive aime le prince, et, malgré sa transformation en ourse, elle lui porte de douces roses, des fleurs de citronnier, tout imprégnées du parfum qu’exhalent les jardins heureux sous les caresses de la Méditerranée. Touché des attentions que lui témoigne un animal si étrangement apprivoisé, il embrasse son ourse, et la belle princesse reparaît.

Cette ménagerie féerique hospitalise aussi des colombes, des colombes-fées ; l’une d’elles sert même à désigner un conte : celui du jeune prince, puni d’une méchante action, qui tombe dans les filets d’une ogresse, et qui, pendant que dure l’épreuve, est consolé par une jeune et belle fée aussi compatissante à son égard que la Miranda de Shakespeare pour le prince Fernando. Malheureusement, le prince de Basile est un étourdi ; le moindre maléfice suffit à lui troubler la mémoire, et, plus tard, il oublie totalement la fée consolatrice. Sous la forme d’une colombe échappée d’un pâté, celle-ci vient réveiller ses souvenirs, et reprend sa forme de belle jeune femme.


II


Cette rapide étude des contes napolitains fait ressortir à nos yeux, par la comparaison, ce qui dis-