Mais, déjà, dans les vers précédents, la princesse des fées marchait « à tresses descoiffées ». Ronsard a pu se souvenir des marbres de la Grèce en donnant à sa nymphe des cheveux plies à la mode hellène.
Parfois ses fées sont des déesses de Botticelli :
Et Amour qui alloit son bel arc desbandant,
Et Vénus qui estoit de roses bien coiffée
Suivoyent de tous costez Flore, la belle fée…
ou des nymphes de Corot :
Afin de voir au soir les nymphes et les fées
Danser dessous la lune en cotte par les prées…
Sous la lune d’automne, la brume les efface à demi ; les visions de la Grèce et de la Gaule se confondent.
Étaient-ce des nymphes ou des fées ? Le poète ne le sait trop, mais il n’a pas besoin de le savoir. Le sage Malherbe lui-même ne pourra s’empêcher de mêler les deux mythologies, et de considérer les Muses comme les fées du rythme :
Les Muses, les neuf belles fées
Dont les bois suivent les chansons…
Certes, il suffit à Ronsard de rêver, la mémoire charmée d’une double influence, pour que les rustiques petites fées de Robin Chevet mêlent à leur grâce ondoyante un peu de l’eurythmie hellénique, et que le poète trouve ces deux vers féeriques, les plus mystérieux, les plus voilés de tous :
Afin de voir au soir les nymphes et les fées
Danser dessous la lune en cotte par les prées.