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LES FÉES DE LA FRANCE CLASSIQUE


III

LES FÉES AU BERCEAU DE LOUIS XIV


Les beux jours de l’Arioste et de Shakespeare étaient oubliés ; les fées dont on parlait sous le manteau des cheminées de village devaient borner leurs ambitions à amuser les vieilles gens et les petits enfants, mais elles étaient bannies de la grande littérature où Melissa, Alcine, Titania, même la folle petite reine Mab, avaient si joliment captivé les imaginations ! Le monde littéraire s’habillait alors à la romaine ou à l’espagnole, et les fées étaient bonnes à récréer les simples. Cependant, il y avait dans l’air d’alors comme un prestige de féerie ; autour du petit roi Louis XIV s’agitaient des héros et des héroïnes, une duchesse de Longueville, une Grande Mademoiselle, un Condé, un Turenne, qui valaient bien les personnages des contes les plus merveilleux, tandis que le ministre de sa mère exerçait sur celle-ci un prestige analogue à celui des enchanteurs, que ce petit Italien donnait l’exemple d’une fortune aussi extravagante que celle des aventuriers protégés par un talisman, et que Marie Mancini ne tarderait pas à rêver trop volontiers aux rois que l’on vit épouser des bergères.

Sous les plafonds dorés du Palais-Royal, le petit Louis XIV, encore indifférent aux machinations de la politique, s’endormait, bercé par des femmes qui lui narraient de ces vieux contes. Et lorsqu’il passa des soins des femmes à ceux des hommes, il ne pouvait