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LES FÉES DE LA FRANCE CLASSIQUE

nant l’illusion de vivre comme les dames de la cour. « Toutes ces personnes passaient les après-dînées chez Madame. Elles avaient l’honneur de la suivre au cours ; au retour de la promenade, on soupait chez Monsieur ; après le souper, tous les hommes de la cour s’y rendaient, et on passait le soir parmi les plaisirs de la comédie, du jeu et des violons. Madame disposait de toutes les parties du divertissement, elles se faisaient toutes pour elle ; après souper, on montait dans des calèches, et, au bruit des violons, on s’allait promener la nuit autour du canal. » Telle était l’autre féerie qui se passait à Fontainebleau, à l’époque où Perrault commençait à travailler avec Colbert pour la splendeur du poème architectural qui devait illustrer le règne de Louis XIV. Quoi d’étonnant à ce qu’il entendit résonner ces violons jusque dans son rêve de la Belle au Bois dormant, au fond de sa maison bourgeoise sise faubourg Saint-Jacques ? À cette époque, Madame était morte, La Vallière au Carmel, Colbert avait disparu, Perrault était en disgrâce. Si les échos du canal avaient redit les airs d’autrefois, pour les cœurs oublieux des hommes, ces airs, comme ceux que jouaient les violons des contes, eussent été du siècle passé. Perrault fait penser à Mme de La Fayette quand il écrit dans Barbe-Bleue : « Ce n’étaient que promenades, parties de chasse et de pêche, que danses et festins, et que collations ; on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres. »

Peu importe à Cendrillon d’avoir pour aïeule, dans la vieille Égypte, la belle courtisane Rhodopis. Elle est, chez nous, très authentiquement naturalisée, et nous devinons que, stylée par sa marraine, elle doit esquisser la révérence avec autant de grâce et de