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LES FÉES DE LA FRANCE CLASSIQUE

choses d’un ton léger et sautillant, avec un sourire moqueur et sans éclat d’indignation, et ceux qu’effarouchent les sévérités du romancier russe n’hésitent pas à mettre le cruel petit livre de l’intrigante baronne dans les mains de leurs jeunes enfants. Mais, sous ces insouciantes et terribles petites phrases, nous apparaissent une sombre psychologie et tout ce qu’il entre d’inattendu, d’imprévu, d’impossible à prévoir dans les actions humaines. C’était, décidément, une étrange femme que la baronne d’Aulnoy.


VIII

LES MILLE ET UN CONTES


Les turquoises pâlissent quelquefois lorsque leur propriétaire n’est plus aimé. Je suppose qu’une dame de la société porte un bijou de turquoise : la conversation s’égare, avec une pointe de sentiment, sur la vertu censée prophétique de ces pierres. Voilà un beau sujet de conte. Une Mme de Murat déroule les aventures du Prince des Feuilles, d’un coloris gracieux et un peu fade : on croirait qu’elle l’écrivit sur une feuille de rose avec du miel et de la rosée. Cela se passe au pays des fées. L’une d’entre elles veut unir son fils Ariston à la princesse Ravissante. Mais Ravissante aime le prince des Feuilles, fils du Printemps et d’une nymphe de la mer, et elle en est aimée. Le prince des Feuilles est puissant. Il dit : « Mon empire s’étend jusque sur les eaux, il est dans tous les lieux de la terre qui reconnaissent le prin-