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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

un jeune prince amoureux transformé en bélier. Il dote les Moulineaux d’un nom et d’une légende. Ces récits embrouilleraient tout fil d’Ariane.


IX

FÉERIES À POUDRE ET À MOUCHES


Le dix-huitième siècle s’ouvrit donc en pleine féerie. Des contes succédaient à des contes. Il fallait du fantastique, de l’exotique ou du soi-disant exotique, en un mot de l’extraordinaire et de l’extravagant. Quelques littérateurs de profession ne dédaignaient pas le merveilleux. L’Orient, qui semblait en être la patrie, acquérait tout à coup une vogue inattendue. Parce que Galland traduisait les Mille et Une Nuits, des Mille et Un Jours, des Mille et Un Quart d’heure devaient fleurir. Lesage travaillait aux Mille et Un Jours, contes persans ou prétendus tels. Les Contes et Fables indiens, les Contes mogols, les Contes chinois ne pouvaient rester en arrière.

Et la féerie, ne se bornant pas au conte, gagne le théâtre. Des Contes de fées du sieur de Preschac, auteur de la célèbre Petite Grenouille Verte, on extrait Kadour, qui devient une comédie et se joue sur le Théâtre-Italien. Marivaux effleure la féerie dans l’Île de la Raison et dans Félicie ; il y triomphe dans Arlequin poli par l’Amour.

Arlequin poli par l’amour : voilà un joli titre qui fleure son dix-huitième siècle. Tous les personnages de cette pièce pourraient être représentés en porce-