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LES FÉES DE LA FRANCE CLASSIQUE

plendissante fée qui n’est autre que la fée Urgèle.

Ce conte frivole fut arrangé en comédie et en musique par Favart, et représenté en 1765 à Fontainebleau, devant Leurs Majestés. Mais l’heure n’était plus guère à la féerie.


X

LA FÉERIE PÉDAGOGIQUE : Mme LEPRINCE DE BEAUMONT


Mme Leprince de Beaumont fut, au déclin du dix-huitième siècle, la dernière des conteuses ; elle n’a rien des aimables écervelées qui cultivèrent avant elle ce genre de fictions. Elle serait plutôt une disciple de Fénelon que de Mme d’Aulnoy ou de Mme de Murat. Le souci de la pédagogie et de la moralité la hante. Il lui plaît aussi de donner aux princes de sages maximes pour le gouvernement des peuples, comme le prouve sa Fée aux Nèfles, mais, tandis que, chez Fénelon, précepteur du duc de Bourgogne, cette préoccupation est absolument nécessaire et professionnelle, elle témoigne, chez Mme de Beaumont, des problèmes qui se posaient dès lors jusque dans les causeries des contemporains. Cette femme était à la fois sensible et sensée, et, si le monde des fées l’attirait, c’est peut-être parce qu’elle avait eu de cruels déboires dans le monde réel. « Elle eut pour mari le pire des drôles », dit M. Edmond Pilon, dans le charmant volume intitulé Bonnes Fées d’antan. Mme de Beaumont ne s’installait pas dans un fauteuil pour caqueter comme les belles oisives de jadis ; elle ne faisait pas ses contes comme du parfilage ; elle