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LA FÉERIE ALLEMANDE : LES GRIMM

gloire, mais ne demandez qu’une place de parentes pauvres au jour du festin, ne symbolisez-vous pas, sous forme d’allégories, quelque revendication ?

Les héros favoris de ce peuple sont de simples et bons garçons qui ne pensent guère à faire les malins, tels que les camarades qu’il se souhaite à lui-même. Ils sont serviables, et souvent méprisés jusqu’au jour où la fortune les récompensera, à moins que leur propre adresse ne les mette en évidence. Il est amusant de voir ce que chacun communique du sien à ces vieux thèmes, et les variations que subissent les contes connus.

Prenons, par exemple le Pauvre Hans ; c’est, au fond, la Chatte-Blanche de Mme d’Aulnoy, mais quel contraste ! La Chatte-Blanche de Mme d’Aulnoy s’est polie, civilisée dans les salons de notre pays ; il fallait un prince Charmant pour intéresser des marquises. Le héros du conte allemand est un pauvre garçon meunier, un petit domestique qui passe pour idiot. Il se met au service d’un petit chat, et découvre ainsi le château des chats, si magnifique dans l’histoire de notre Chatte-Blanche. Il y a là aussi de nombreux serviteurs, des heures de musique, une vie princière ou seigneuriale, un peu moins affinée que chez la chatte française, comme le luxe d’une principicule allemande restait au-dessous de Versailles. Le pauvre Hans ne réclamait qu’un cheval pour prix de ses services. Il retourne au moulin, y est maltraité, bafoué, mais il attend patiemment son cheval, jusqu’à ce que la fille du roi apparaisse dans un équipage pour chercher le pauvre Hans, et l’emmener avec elle. Cette fille du roi avait été métamorphosée en petit chat par je ne sais quelle fée maligne. En somme, on croirait que Mme d’Aulnoy a, quelquefois, puisé aux