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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

mêmes sources que les frères Grimm, car les sept Doués de son Chevalier Fortuné ressemblent aux quatre Frères Adroits ou aux Six Gaillards qui viennent à bout de tout.

La Cendrillon des Grimm nous révèle combien la Cendrillon de Perrault nous appartient. Comme toutes les Cendrillons, celle des Grimm a perdu sa mère. Une belle-mère amène au foyer les deux filles d’un premier mariage. La pauvrette est moquée, bafouée, persécutée par ces intruses qui la renvoient à la cuisine. Jusqu’ici rien que de commun à l’histoire de toutes les Cendrillons. La Cendrillon italienne, sous une forme primitive, était barbare ; la Cendrillon française était fine, avisée, discrète ; l’allemande apparaît surtout sentimentale. Quand le père — le faible père de Cendrillon qui, partout, subit l’influence de sa seconde femme au point d’oublier sa vraie fille pour ses belles-filles — quand ce misérable père se rend à la foire, et demande à chacune ce qu’elle souhaite comme présent, l’une demande de belles robes, l’autre des perles précieuses. La pauvre Cendrillon ne réclame qu’une baguette de coudrier, mais elle plante cette baguette sur le tombeau de sa mère où elle fleurit. Il y vient percher un oiseau blanc qui protège et console Cendrillon. Ici le conte allemand se rapprocherait volontiers davantage du conte italien que du conte français. La fée marraine de la Cenerentola prenait la forme d’une colombe. Le roi du pays donne alors une fête. Cendrillon meurt d’envie d’y assister, mais la marâtre qui se dispose à y conduire ses filles lui impose la condition d’achever des tâches impossibles. Des pigeons et des colombes viennent au secours de Cendrillon. Mais, les tâches accomplies, la belle-mère se refuse à tenir sa promesse, sous