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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

le fit rayer des cadres. Plus tard, il fut bibliothécaire à Bonn, et ce qu’il pouvait avoir de fantaisie dans l’esprit, il le dépensa à des recherches passionnées sur les vieilles légendes allemandes et italiennes, et sur les origines de Shakespeare. Les contes qu’il recueillit ne nous apparaîtront pas tout à fait comme de nouvelles connaissances. Dans la Montagne de Verre, nous verrons reparaître les femmes-cygnes : trois cygnes majestueux volent sur une mer paisible et dépourvue de navires. Ils abandonnent leur plumage et se transforment en belles jeunes filles. Wilhelm dérobe à l’une d’elles ce vêtement de plumes qui porte le nom traditionnel de rabenale. Elle consent à être sa femme, et le mariage est célébré. Prudent, l’amoureux époux enferme, dans un coffret dont il portait habituellement la clé, le voile magique de l’étrangère, mais la jeune femme, ayant obtenu cette clé de sa belle-mère, reprit le rabenale, et s’envola. Céda-t-elle à l’influence d’une mystérieuse nostalgie que le conte ne nous explique pas ? Elle disparut. Il est probable qu’elle avait l’intention de revenir au foyer conjugal, car, lorsqu’il se mit en quête de sa bien-aimée, Wilhelm, toujours amoureux et fidèle, apprit qu’elle était enfermée dans une montagne de verre. Ces contes dérivant des mythologies lointaines, ces histoires de femmes-cygnes qui font toujours penser aux Walkyries, se mélangent, on ne sait comment, de traditions et de symboles chrétiens. Sur le rivage, du bateau où il s’est embarqué, Wilhelm aperçoit deux hommes qui battent un cadavre. Il s’informe de leur mobile, et ces individus répondent que, de son vivant, ce mort a contracté, envers eux, une dette qu’il n’a pas acquittée. Pour faire cesser leur acte odieux, le