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LA FÉERIE ALLEMANDE : LES GRIMM

favori des vieilles légendes germaniques. D’où vient-elle ? Chez Bechstein, à qui nous empruntons ces données, c’est une princesse enchantée ; de plus, c’est une dame blanche, une Allrune. Elle répond à ceux qui l’interrogent de vagues paroles auxquelles ils donnent un sens prophétique. « Alors, ils se souvinrent, dit le conte, que déjà, dans les temps païens, avaient vécu dans les forêts des dieux ou des prophétesses, et ils appelèrent Ilse, du nom du ces prêtresses, une Allrune. » Toutes les dames blanches sont de pareilles Allrunes qui hantent les vieux châteaux et les vieilles forêts, en attendant leur délivrance, Ilse n’est pas heureuse ; elle s’est donnée aux Grillons pour être leur reine, et, maintenant, elle regrette l’amère et douce vie humaine. « Tu es et resteras la nôtre, dit l’aîné du peuple grillon. Quand aucune cloche ne sonnera, quand il n’existera plus d’églises ni d’hommes méchants, alors l’heure de ta délivrance retentira. »

Cette heure sera-t-elle celle du jugement dernier, comme pour tant d’autres fées, ou bien la légende païenne exprime-t-elle secrètement l’espoir que ses dieux régneront de nouveau ? Ilse ne vient plus à la clarté du soleil que tous les sept ans. « Aujourd’hui encore, à midi, tous les sept ans, on peut voir cette vierge enchantée, avec son troupeau, seule, pâle et triste, dans sa robe blanche comme de la neige. »

Peut-être y aurait-il mieux à faire qu’à garder cet inutile troupeau ? Ilse a voulu régner sur le peuple ennemi de la lumière, et maintenant elle n’est qu’un fantôme…

Chez Franz Hoffmann, Ilse est une belle jeune fille qui, au temps du déluge, s’enfuit avec son fiancé, sur une montagne du Harz, mais le couple finit par être