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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

petites villageoises ; je vous ai reconnu du premier coup d’œil… Ma belle demoiselle, dites-moi un peu pourquoi votre main est aussi froide que la glace ? Dites-moi un peu pourquoi l’ourlet de votre blanche robe est trempé d’eau ? Je vous ai reconnue du premier coup d’œil à vos révérences moqueuses. À coup sûr, tu n’es pas une fille d’Ève, tu es une enfant des eaux, ma petite cousine l’Ondine… »

Les violons se taisent, la danse est finie. Le beau couple se sépare fort civilement. Tous les deux se connaissent malheureusement trop.

Mystérieuse petite chanson, plus mystérieuse, peut-être, que le fantastique et joli roman de Lamotte-Fouqué. Un lis d’eau, l’ourlet mouillé d’une robe, ce sont des signes assez minces ; il en est de plus faibles encore, de plus légers, de plus fugitifs, auxquels les âmes se reconnaissent pour s’attirer ou se fuir. Et le mystère de ces âmes est plus profond que celui de l’Océan auxquels appartiennent l’ondin et l’ondine du bal champêtre.

Henri Heine, dans Atta Troll, évoque une chasse fantastique où passe la fée Abonde, le minois souriant, et vêtue de soie bleu pâle, mais il n’est point sûr que le tourbillon qui l’emporte la ramène jamais, car les fées s’évanouissent des légendes, et leur nom même est oublié par les lèvres des hommes.