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CHAPITRE XVII

LA FÉERIE ROMANTIQUE EN FRANCE


Les fées, au dix-neuvième siècle, sont agonisantes. Le souffle de l’automne et du crépuscule a passé sur leurs cheveux blonds. Leur démarche s’est alanguie dans une fièvre d’érudition et de philosophie.

Sans doute, les contes de Grimm demeurent tout pleins de jeunesse et de spontanéité, bien qu’ils aient recueilli le trésor des vieux âges. Mais en général, les fées littéraires créées par le dix-neuvième siècle ont sur elles les signes précurseurs de la mort. Si dissemblables que soient les scènes où elles paraissent, un trait leur est commun : certaine note d’irréalité, même entre les créatures irréelles.

La Velléda de Chateaubriand, la dernière fée de l’Armorique, est une druidesse, et ses attributs de fée n’existent que dans son imagination ; Balkiss, la Fée aux Miettes de Nodier, n’existe que dans un cerveau halluciné ; la Viviane de Quinet est le symbole philosophique de la nature ; la fée de Pictordu, chez George Sand, n’est et ne veut être que rêve ; aucune n’ose