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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

L’étudiant se ranime. Les deux fées ont disparu. On prétend que la messagère du bonheur ne réclama point les galoches, et que la fée du Souci les recueillit, estimant qu’elles lui revenaient. « En effet, ajoute l’auteur, lorsqu’on laisse les hommes libres d’accomplir leurs souhaits, il est bien rare qu’ils y trouvent le bonheur. »

Si sombre qu’elle nous semble, la fée du Souci est foncièrement miséricordieuse. Il n’en est pas de même pour la fée du Marais, une fée bien connue d’Andersen, et populaire, peut-être, dans les pays du Nord. Celle-ci a des allures de sorcière. On lui attribue la buée qui s’élève des tourbières, le brouillard qui monte des marais. C’est elle alors, dit la légende, qui brasse ses funestes poisons. Elle conserve dans des locaux les miasmes de la malaria. Andersen voit en elle une cousine des elfes. On la croirait plutôt parente de Locuste. Elle vit au milieu des reptiles. Nous la voyons apparaître dans la Petite fille qui marchait sur le pain et dans les Feux follets. C’est elle qui brasse la bière pour le festin du roi des Aunes, où les princesses dansent de si jolis ballets, avec leurs châles tissés de brouillard et de clair de lune. Nous avons tous vu de pareilles écharpes flotter dans la nuit. La même fée expose les lois qui régissent le destin des feux follets. Ces feux follets naissent dans son royaume. Ils sont maléfiques. Ils cherchent à s’introduire dans les êtres humains pour les faire mouvoir à leur guise. Et s’ils échouent, ils seront châtiés.