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CHAPITRE XIX

L’ESPOIR DE KUNDRY


De siècle en siècle, à travers ces pages, nous avons aperçu, deviné, pressenti, perdu, ressaisi, d’innombrables éléments féeriques, scandinaves, gaulois, bretons, et nous ne prétendons pas — tant s’en faut — en avoir exploré l’infinie richesse. Voici venir, dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, un inventeur d’art qui, magnifiant tous ces éléments par le prestige d’un génie nouveau, les combine et les fixe dans la trame splendide de ses poèmes : cet inventeur, c’est Wagner. Il convoque Albérich, cet Obéron déchu que nous faisaient connaître les antiques Niebelungen ; et les rythmes de sa musique scandent les courses de ce nain poursuivant les rieuses et folles filles du Rhin. Jeunes et radieuses vies, encore à peine dégagées des forces naturelles qu’elles symbolisent, ces filles du Rhin sont des sortes de fées.

Wagner aussi chante Brunehilde, montée sur son coursier, casquée et magnifiquement armée,