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L’ESPOIR DE KUNDRY

Kundry est, véritablement, la dernière des fées. Au service du mal, le bien même dont elle serait capable se transforme en nouveau piège. Elle n’est pas une de ces futiles Filles-Fleurs dont la séduction s’exerce dans un parfum et dans une caresse. Elle devine les profondeurs du cœur humain, et, pour les émouvoir, elle donne à Parsifal le nom qui lui fut donné par sa mère. Il ne lui suffit pas d’enivrer un amant de sa beauté ; elle veut soulever ce qu’il y a de plus sacré dans les souvenirs d’une âme :

« Loin, loin est ma patrie… je suis venue de loin où j’ai vu bien des choses. Je vis l’enfant sur le sein de sa mère ; son premier bégaiement rit encore à mon oreille… Elle n’était que soucis, hélas ! et inquiétudes… N’entends-tu pas l’écho de ses plaintes, lorsque tu t’attardais au loin et longtemps ?… Elle attendit des jours, des nuits, tant que sa plainte devint muette ; le chagrin dévora la souffrance ; elle implora le silence de la mort : la douleur lui brisa le cœur, et Herzeleide mourut. »

Parsifal, apprenant la mort de sa mère, se désole, et Kundry, pour le conquérir entièrement, veut le conquérir à l’amour par la douleur ; elle le force à descendre au fond même de sa tendresse et de sa souffrance, et c’est de ce point de départ qu’elle espère l’élan affolé qui doit le jeter dans ses bras. Parsilal s’affaisse, et Kundry continue à bercer son chagrin par les paroles de la séduction. Alors elle pose sur les lèvres du Pur-Simple le baiser qui, croit-elle, fera de lui son captif. Mais Parsifal comprend ; il comprend le péché, la douleur ; il est saisi de remords et de compassion ; il jette son cri de détresse vers son Rédempteur ; car en même temps que la faute et la souffrance, il a compris le salut : le mys-