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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

tère du monde lui livre sa clé. Parsifal n’est plus seulement le Pur-Simple, le Pur-Fol ; il est le « Sachant par Compassion ».

Kundry, qui paraît incarner tout le paganisme et toute la féerie, descend peut-être, par delà les fées du Tasse et de l’Arioste, par delà les Armide et les Alcine, de ces sirènes de l’Odyssée d’auprès desquelles on s’en irait, selon leur fallacieuse promesse, « sachant plus de choses ». Et la promesse est tenue pour Parsifal ; il sait plus de choses, mais ce qu’il a appris n’amène pas le résultat prévu par Klingsor et Kundry, qui serait de le jeter dans les bras de l’enchanteresse ; ce qu’il a appris lui donne, avec la pitié suprême, la nostalgie du pur Montsalvat et de ses mystérieuses splendeurs.

La pureté et la simplicité du Pur-Simple déjouent toutes les ruses et tous les sortilèges du magicien Klingsor. On dirait que Wagner, dans l’esquisse de son poème, s’est souvenu de ce mot magnifique : « Un cœur pur pénètre le ciel et l’enfer », mot qui renferme plus de beauté et plus de profondeur que le drame même de Parsifal. Majestueux et terrible comme un jeune vainqueur, le héros retourne à Montsalvat ; il reprend le chemin du Graal.

« L’amour et la rédemption te récompenseront, dit-il à Kundry, si tu me montres le chemin qui mène vers Amfortas. »

Ainsi le Perceval du moyen âge demandait à de jeunes fées la route vers le Graal, mais Kundry se révolte, refuse de désigner le chemin. Elle rit de son rire maudit, appelle Klingsor et ses satellites. Les Filles-Fleurs reparaissent. Klingsor brandit la sainte lance. Il jette à Parsifal un javelot qui reste suspendu sur la tête du héros : « Celui-ci le prend,