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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

Parsifal, qui sort du domaine de l’illusion, remarque alors la fraîche beauté de la nature : joie des fleurs nouvelles, grâce des jeunes feuilles que Dante se plaît à tisser pour la robe des anges messagers du ciel au purgatoire.

« C’est, dit Gurnemanz, l’enchantement du Vendredi-Saint.

— Ô malheur ! Jour de douleur suprême ! Là je m’imagine que tout ce qui respire, vit et revit, devrait seulement pleurer et se douloir.

— Ce sont les larmes de repentir du pécheur, reprend Gurnemanz, larmes dont la rosée sacrée humecte la plaine et la prairie… »

Fraîcheur des âmes revivifiées, charme d’une aube de printemps après les jours d’hiver ! Aurore éclatante de la grâce après les ténèbres du péché ! La solennité du Graal se célèbre, la joie éclate, Amfortas est guéri et pardonné, Kundry meurt, absoute, ayant gagné par ses services obscurs la liberté de son âme, la seigneurie de son être : Servire Deo regnare est.

Déjà, par ce mot servir, Kundry marquait sa volonté de sortir de la féerie du caprice et des illusions pour entrer dans le royaume de l’ordre et de la vérité.

Le baptême de Kundry et tout ce qui suit ce baptême rayonne, au-dessus des sphères d’erreur et de souffrance, au-dessus même de celles de la fiction, dans les hautes régions de l’amour et du pardon. Kundry, qui n’est pas seulement la descendante des magiciennes et des fées, mais nous apparaît encore sous les traits d’une antique pécheresse, nous offre un caractère complexe. Déjà par cet unique vœu : servir, la fée meurt chez Kundry, avant que la