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ÉPILOGUE

pas grandir et qui se réfugie au pays des fées. Ce pays des fées, où nous transporte M. J.-M. Barrie, n’est autre qu’un parc de Londres, la nuit venue. Mais les problèmes que pourraient soulever les aventures du Petit Poucet et du Chat Botté sont écartés de cette féerie ingénue, qui tient à demeurer telle.


II


À côté de cette féerie naïve, il est une autre féerie plus subtile, également capable de nous présenter quelques leçons sur la destinée humaine.

Des poètes comme Théodore de Banville aiment toujours à faire parler une fée ; des littérateurs subissent toujours l’attrait du vieux songe celtique, comme jadis, en Bretagne, notre pur et charmant Brizeux, épris des radieuses fées du passé, mais le subissent autrement que lui. Dans la féerie intitulée la Terre du désir de cœur, M. W.-B. Yeats revêt du costume gaélique les personnages qui se meuvent sous les yeux du lecteur. Ils nous apparaissent hantés par la vision imaginaire du royaume de féerie, d’une terre ombragée de bois profonds, où l’on chante, où l’on danse, où l’on sourit, comme dans l’Avalon de Morgane, sans vieillir ni mourir.

Et la nouvelle mariée, abandonnant le foyer et la famille, suit un soir l’enfant-fée qui se détourne du crucifix, l’enfant-fée aux grâces païennes, dont la voix mélodieuse enseigne le mépris des humbles devoirs.

D’autres poètes encore adoptent aujourd’hui le