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LES FÉES DU CYCLE BRETON

que les fées. Pourquoi les traditions et les légendes de tant de peuples étrangers et lointains s’accordent-elles à faire de l’Armorique le lieu d’où les âmes s’apprêtent à passer l’Océan, afin d’atteindre leur suprême séjour ? Il y eut sans doute à Brocéliande des druides et des sanctuaires druidiques. Le nom de la fontaine, Bérenton, ou Barenton, découlerait de Bélen, dieu solaire, véritable Apollon gaulois…

Par les soirs des jours chauds, le vent souffle singulièrement à travers ces parages, vent qui ne s’écarte guère de la forêt, et que les paysans désignent par ces mots : « le serein de Bérenton ». Il imite le bruit d’un galop de chevaux sur la terre dure : d’un galop de chevaux rapide et prochain. Peut-être se trouvera-t-il, encore de nos jours, un rêveur pour murmurer, comme les paysans de jadis : « C’est la chasse d’Arthur… »

Selon Robert de Boron, Merlin est le fils d’un diable et d’une pieuse chrétienne. Son père lui a donné la science du passé. Par égard pour sa mère. Dieu lui octroie celle de l’avenir. Dès son enfance, il a sauvé la vie de cette mère, et accompli des prodiges. Ces commentateurs ont allégué que la science de Merlin ne pouvait être que vague et grossière. Robert de Boron lui donne l’aspect d’une sorte de demi-dieu païen ; d’après le romancier, il serait envoyé par l’enfer pour nuire à l’œuvre de la Rédemption, mais l’enfer serait déçu, car les travaux de Merlin auraient, finalement, servi la sainte cause.

Il fut le conseiller des prédécesseurs d’Arthur : Ambroise et Uter, dit Penndragon. Ce dernier tint de lui le dragon d’or dont il fit son étendard, et qui lui valut son surnom de Penn-Dragon. Mais l’enchanteur fit à Uter un cadeau plus précieux encore ; la