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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

valut pas contre la gloire de Merlin : les écrivains de la Renaissance, l’Arioste, Rabelais, Cervantès, Spenser, Shakespeare, évoquèrent à leur tour la physionomie de Merlin, pour amuser les inlassables rêveries humaines.


III

LA FÉE VIVIANE


Malgré toutes les corruptions qu’une société violente et passionnée, se reflétant dans ses poèmes et dans ses romans, pouvait apporter à la pure idée de la Table-Ronde, cette idée fut assez belle pour enthousiasmer la chevalerie. Ceux qui, disait-on, s’asseyaient à cette table, s’aimaient entre eux comme des frères, et ils avaient à cœur de défendre les opprimés, de soutenir les saintes causes. Pourquoi les romanciers jugèrent-ils à propos de mêler la féerie à l’idéal de la Table-Ronde ?

Viviane, si abominablement hypocrite et coquette à l’égard de Merlin, est favorable à Arthur et lui prouve maintes fois son estime. Elle habite un lac et un château invisible ; ce lac de Diane, qu’elle choisit pour sa résidence, le costume de chasseresse qu’elle portait quand elle vint à la cour d’Arthur, tous ces détails nous la montrent comme hantée d’un souvenir mythologique qu’accentue le Roman de Merlin, lorsqu’il donne la déesse Diane ou la prétendue mère de cette déesse, la sirène de Sicile, pour marraine à Dyonas, père de Viviane.