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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

du soleil, mirages des flots et des nuages, tout cela convient à cette féerie septentrionale, éclatante et instable comme une bulle de savon.

Les sites féeriques sont quelquefois périlleux : il ne faut point trop se fier à l’hospitalité des fées. Défendues par des géants, elles possèdent des palais de funestes délices. Dans ce poème d’Érec où Morgane vient exercer son art de guérisseuse, Érec découvre, étendue sur un lit d’argent, une belle jeune fille défendue par un chevalier enchanté. Ce chevalier est vaincu, et libéré par son vainqueur. La belle jeune fille doit être une fée, sœur de cette fée aux blanches mains qui règne sur l’île d’or et habite un palais de cristal, où l’on découvre des pieux garnis de têtes humaines, ou de cette merveilleuse princesse, un peu fée aussi, sans doute, dont le jardin ravissant finit par livrer le même sinistre secret. Voilà donc l’origine de tant de brillants épisodes que nous reconnaîtrons chez Bojardo et chez l’Arioste !

Où finit la magicienne, où commence la fée ? On peut se le demander à propos de cette Camille que met en scène le roman de Lancelot du Lac et qu’il appelle une magicienne.

Camille séduit Arthur. Elle l’attire dans son château ; il y demeure prisonnier. Cette Camille est d’une beauté rare ; elle a mis tous ses attraits et tous ses moyens au service des Saisnes, ennemis d’Arthur. Mais, un jour, Arthur est délivré par les siens. Privée de ses boîtes et de son livre magique, Camille se précipite d’un rocher et meurt. Arthur, apitoyé, lui fait édifier un sépulcre, et lui consacre une épitaphe.

Toutes les mystérieuses damoiselles qui indiquent à Perceval un chemin, lui désignent un pont, lui donnent un salutaire conseil, semblent des fées. Il faut