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LES FÉES DU CYCLE BRETON

rapprocher de ces rencontres l’histoire d’un échiquier fantastique qui appartint à la fée Morgane. Le jeu d’échecs fut une passion du moyen âge. Et, si le partenaire manquait, souvent les heures s’étiraient, se prolongeaient lamentablement. Aussi l’échiquier merveilleux de la damoiselle qui se trouve sur le passage de Perceval, échiquier qui jouait tout seul, dut-il faire envie à plus d’un seigneur ou d’une châtelaine. La propriétaire primitive de ce prestigieux bibelot était, s’il en faut croire le poète, une très savante damoiselle. Elle fit un jour la connaissance de Morgane. Il faut croire que l’une et l’autre se plurent, puisque au moment du départ Morgane fit présent à son amie de son bel échiquier en ivoire précieusement travaillé. La damoiselle accepta le cadeau, mais, en revanche, elle offrit à Morgane l’échiquier merveilleux, et à son tour celle-ci le donna généreusement à l’inconnue qui allait rencontrer Perceval. Ainsi l’atmosphère féerique enveloppe tous les romans de la Table-Ronde, et si le vieux récit de Perceval n’échappe pas à cette influence, le Parsifal de Wagner, avec ses Filles-Fleurs, y a-t-il échappé ?

Le dernier en date de ces romans, Claris et Laris, qui semble avoir été commencé vers 1268, fait évoluer, à travers les longs méandres de ses trente mille vers, une sorte d’arrière-garde féerique, qui conserve des liens étroits avec l’impérissable Morgane et prolonge ainsi son règne sur les imaginations humaines. Madoine, dans Claris et Laris, est une jeune fée subordonnée à Morgane, comme Sarayde à Viviane, une jeune et jolie fée, à la fois sentimentale et vive, un peu coquette, et ayant une vie bien personnelle.

Les deux amis Claris et Laris tombent dans un