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LES FÉES DU CYCLE BRETON

Thésée d’Athènes. Au douzième siècle, Béroul, Thomas de Bretagne et Chrétien de Troyes lui donnèrent une forme littéraire.

Tristan, prince de Léonois, est une façon de héros mythique, échappé d’ancienne mythologie, et présentant quelque ressemblance avec Thésée. Iseut ressemble à une sorte de Phèdre barbare, amoureuse non du fils, mais du neveu de son mari, qui, lui, répond, d’ailleurs, à son amour.

Mais cette grande épopée amoureuse du moyen âge aurait-elle enchanté ces pays bretons qui donnèrent aux fées une vie tenace, si elle ne recélait quelques éléments féeriques ?

Iseut et sa mère, si habiles à composer, pour soigner les blessures mortelles, des baumes souverainement guérisseurs, semblent avoir été à l’école de ces fées mystérieuses qui régnaient « en des isles de mer », et qui pansaient les blessures des chevaliers dont elles étaient amoureuses.

On se rappelle aussi le magique breuvage d’amour que prépara la mère d’Iseut, breuvage absorbé par les deux héros du poème, sur le bateau qui menait au roi Marc Iseut conduite par Tristan. D’où vient le secret de ce breuvage ? Comment la mère d’Iseut en savait-elle la vertu redoutable ? Il est fée ce breuvage, comme sont, aussi, très proches voisins du royaume de féerie, les nains qui hantent cette histoire. Un de ces nains est le mari d’une femme que Kaherdin, l’ami de Tristan, voudra conquérir, et c’est en aidant à l’enlèvement que Tristan sera mortellement blessé. Ce poème est veuf des fées, mais après elles les nains subsistent, tenace et mystérieuse arrière-garde. Il y a de la féerie, encore, dans le charmant épisode du grelot enchanté. Ce grelot