Denys. — Damon, Pythias, daignez me recevoir entre vous deux, pour être le troisième ami d’une si parfaite société ; je vous laisse vivre et je vous comblerai de biens.
Damon. — Nous n’avons pas besoin de tes biens ; et pour ton amitié, nous ne pouvons l’accepter que quand tu seras bon et juste. Jusque-là tu ne peux avoir que des esclaves tremblants et de lâches flatteurs. Il faut être vertueux, bienfaisant, sociable, sensible à l’amitié, prêt à entendre la vérité, et savoir vivre dans une espèce d’égalité avec de vrais amis, pour être aimé par des hommes libres.
XXII
DION ET GÉLON
Dion. — Il y a longtemps, ô merveilleux homme ! que je désire de te voir ; je sais que Syracuse te dut autrefois sa liberté.
Gélon. — Et moi je sais que tu n’as pas eu assez de sagesse pour la lui rendre. Tu n’avais pas mal commencé contre le tyran, quoiqu’il fût ton beau-frère ; mais, dans la suite, l’orgueil, la mollesse et la défiance, vices d’un tyran, corrompaient peu à peu tes mœurs. Aussi les tiens mêmes t’ont fait périr.