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dans ma patrie. J’y ai vécu avec modération et honneur. Sans autorité ni ambition, je me suis fait révérer des Grecs. Le philosophe venu de Stagyre, qui veut tout brouiller dans le royaume de son disciple, est un personnage qui, en bonne philosophie, doit être fort odieux.




XXV

ALEXANDRE ET ARISTOTE


Quelque grandes que soient les qualités naturelles d’un jeune prince, il a tout à craindre s’il n’éloigne les flatteurs, s’il ne s’accoutume de bonne heure à combattre ses passions, et à aimer ceux qui auront le courage de lui dire la vérité.


Aristote. — Je suis ravi de voir mon disciple. Quelle gloire pour moi d’avoir instruit le vainqueur de l’Asie !

Alexandre. — Mon cher Aristote, je te revois avec plaisir. Je ne t’avais point vu depuis que je quittai la Macédoine ; mais je ne t’ai jamais oublié pendant mes conquêtes : tu le sais bien.

Aristote. — Te souviens-tu de ta jeunesse, qui était si aimable ?

Alexandre. — Oui ; il me semble que je suis encore à Pella ou à Pydne ; que tu viens de Stagyre pour m’enseigner la philosophie.