la mauvaise fortune ; au moins il aurait quelques vrais plaisirs, que la nature ne refuse point dans les conditions médiocres.
Diogène. — Pour lui rendre l’appétit, il faudrait lui faire souffrir la faim ; et pour lui ôter l’ennui de son palais doré, le mettre dans mon tonneau, vacant depuis ma mort.
Denys. — Encore ne saura-t-il pas se soutenir dans cette puissance que j’ai eu tant de peine à lui préparer.
Diogène. — Eh ! que veux-tu que sache un homme né dans la mollesse d’une trop grande prospérité ? À peine sait-il prendre le plaisir quand il vient à lui. Il faut que tout le monde se tourmente pour le divertir.
XXIX
PYRRHON ET SON VOISIN
Le voisin. — Bonjour, Pyrrhon. On dit que vous avez bien des disciples et que votre école a une haute réputation. Voudriez-vous bien me recevoir et m’instruire ?
Pyrrhon. — Je le veux, ce me semble.
Le voisin. — Pourquoi donc ajoutez-vous « ce me semble » ? est-ce que vous ne savez pas ce que vous voulez ? Si vous ne le savez pas, qui le saura