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Démosthène. — Elle est très bonne en elle-même ; il n’y a que l’usage qui en peut être mauvais, comme de flatter les passions du peuple, ou de contenter les nôtres. Et que faisions-nous autre chose dans nos déclamations amères contre nos ennemis, moi contre Midias ou Eschine, vous contre Pison, Vatinius ou Antoine ? Combien nos passions et nos intérêts nous ont-ils fait offenser la vérité et la justice ! Le véritable usage de l’éloquence est de mettre la vérité en son jour et de persuader aux autres ce qui leur est véritablement utile, c’est-à-dire la justice et les autres vertus ; c’est l’usage qu’en a fait Platon, que nous n’avons imité ni l’un ni l’autre.




XXXIV

MARCUS CORIOLANUS ET F. CAMILLUS


Les hommes ne naissent pas indépendants,
mais soumis aux lois de leur patrie


Coriolanus. — Eh bien ! vous avez senti comme moi l’ingratitude de la patrie. C’est une étrange chose que de servir un peuple insensé. Avouez-le de bonne foi, et excusez un peu ceux à qui la patience échappe.

Camillus. — Pour moi, je trouve qu’il n’y a jamais d’excuse pour ceux qui s’élèvent contre leur patrie. On peut se retirer, céder à l’injustice, attendre des temps moins rigoureux ; mais c’est