se défit de moi malgré lui, car il n’avait pas envie de se rendre coupable de ma mort.
Le prince. — Voilà un malheur complet. Mon fils est faible et inégal ; sa vertu mal soutenue le rend méprisable ; il s’allie avec ses ennemis et soulève ses sujets ; il ne prévoit point l’orage ; il se décourage dès qu’il éclate ; il perd les occasions de punir l’usurpateur ; il demande lâchement la vie, et il ne l’obtient pas. Ô ciel, vous vous jouez de la gloire des princes et de la prospérité des États ! Voilà le petit-fils d’Édouard qui a vaincu Philippe et ravagé son royaume ! Voilà mon fils, de moi qui ai pris Jean, et fait trembler la France et l’Espagne.
LVI
CHARLES VII ET JEAN, DUC DE BOURGOGNE
Le duc. — Maintenant que toutes nos affaires sont finies, et que nous n’avons plus d’intérêt parmi les vivants, parlons, je vous prie, sans passion. Pourquoi me faire assassiner ? Un dauphin faire cette trahison à son propre sang, à son cousin, qui…
Charles. — À son cousin qui voulait tout brouiller et qui pensa ruiner la France. Vous prétendiez me