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LXVII

HENRI III ET LA DUCHESSE DE MONTPENSIER


Caractère faible et dissimulé de Henri : sa dévotion bizarre


Henri. — Bonjour, ma cousine. Ne sommes-nous pas raccommodés au moins après notre mort ?

La duchesse. — Moins que jamais. Je ne saurais vous pardonner tous vos massacres, et surtout le sang de ma famille, cruellement répandu.

Henri. — Vous m’avez fait plus de mal dans Paris, avec votre Ligue, que je ne vous en ai fait par les choses que vous me reprochez. Faisons compensation et soyons bons amis.

La duchesse. — Non, je ne serai jamais amie d’un homme qui a conseillé l’horrible massacre de Blois.

Henri. — Mais le duc de Guise m’avait poussé à bout. Avez-vous oublié la journée des barricades, où il vint faire le roi de Paris et me chasser du Louvre ? Je fus contraint de me sauver par les Tuileries et par les Feuillants.

La duchesse. — Mais il s’était réconcilié avec vous par la médiation de la reine-mère. On dit que vous aviez communié avec lui en rompant tous une même hostie, et que vous aviez juré sa conservation.

Henri. — Mes ennemis ont dit bien des choses sans preuve, pour donner plus de crédit à la Ligue. Mais enfin je ne pouvais plus être roi si votre frère n’eût été abattu.