Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/417

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La duchesse. — Quoi ! vous ne pouviez plus être roi sans tromper et sans faire assassiner ? Quels moyens de maintenir votre autorité ! Pourquoi signer l’union ? pourquoi la faire signer à tout le monde aux états de Blois ? Il fallait résister courageusement ; c’était la vraie manière d’être roi. La royauté bien entendue consiste à demeurer ferme dans la raison et à se faire obéir.

Henri. — Mais je ne pouvais m’empêcher de suppléer à la force par l’adresse et par la politique.

La duchesse. — Vous vouliez ménager les huguenots et les catholiques, et vous vous rendiez méprisable aux uns et aux autres.

Henri. — Non, je ne ménageais point les huguenots.

La duchesse. — Les conférences de la reine avec eux, et les soins que vous preniez de les flatter toutes les fois que vous vouliez contre-balancer le parti de l’union, vous rendaient suspect à tous les catholiques.

Henri. — Mais d’ailleurs ne faisais-je pas tout ce qui dépendait de moi pour témoigner mon zèle sur la religion ?

La duchesse. — Oui, mille grimaces ridicules et qui étaient démenties par d’autres actions scandaleuses. Aller en masque le mardi gras, et le jour des cendres à la procession en sac de pénitent avec un grand fouet ; porter à votre ceinture un grand chapelet long d’une aune, avec des grains qui étaient de petites têtes de mort, et porter en même temps à votre cou un panier pendu à un ruban, qui était plein de petites épagneules, dont vous faisiez tous les ans une dépense de cent mille écus ; faire des confréries, des vœux, des pèlerinages, des ora-