Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/419

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La duchesse. — Voyez le roi de Navarre, votre cousin. Vous avez trouvé tout votre royaume soumis, et vous l’avez laissé tout en feu par une cruelle guerre civile ; lui, sans dissimulation, massacre ni hypocrisie, a conquis le royaume entier, qui refusait de le reconnaître : il a tenu dans ses intérêts les huguenots en quittant leur religion ; il a attiré tous les catholiques et a dissipé la Ligue si puissante. Ne cherchez point à vous excuser ; les choses ne valent que ce qu’on les fait valoir.




LXVIII

HENRI III ET HENRI IV


Différence entre un roi qui se fait craindre et haïr par la cruauté et la finesse, et un roi qui se fait aimer par la sincérité et le désintéressement de son caractère.


Henri III. — Hé, mon pauvre cousin ! vous voilà tombé dans le même malheur que moi.

Henri IV. — Ma mort a été violente comme la vôtre : mais personne ne vous a regretté que vos mignons, à cause des biens immenses que vous répandiez sur eux avec profusion ; pour moi, toute la France m’a pleuré comme le père de toutes les familles. On me proposera, dans la suite des siècles, comme le modèle d’un bon et sage roi. Je com-