Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/435

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dans tout un siècle qui réussisse par un jeu du hasard. Mais remarquez le bonheur de l’astrologie : il fallait que Fabroni ou Campanelle fût confondu ; du moins il aurait fallu donner d’étranges contorsions à leurs horoscopes pour les concilier, quoique le public soit si indulgent pour se payer des plus grossières équivoques sur l’accomplissement des prédictions. Mais enfin, en quelque péril que fût la réputation des deux astrologues, la gloire de l’astrologie était en pleine sûreté : il fallait que l’un des deux eût raison ; c’était une nécessité que le roi eût des enfants ou qu’il n’en eût pas. Lequel des deux qui pût arriver, l’astrologie triomphait. Vous voyez par là qu’elle triomphe à bon marché. On ne manque pas de dire maintenant que les principes sont certains, mais que Campanelle avait mieux pris le moment de la nativité du roi que Fabroni.

Marie. — Mais j’ai toujours ouï dire qu’il y a des règles infaillibles pour connaître l’avenir par les astres.

Richelieu. — Vous l’avez ouï dire comme une infinité d’autres choses que la vanité de l’esprit humain a autorisées. Mais il est certain que cet art n’a rien que de faux et de ridicule.

Marie. — Quoi ! vous doutez que le cours des astres et leurs influences ne fassent les biens et les maux des hommes ?

Richelieu. — Non, je n’en doute point ; car je suis convaincu que l’influence des astres n’est qu’une chimère. Le soleil influe sur nous par la chaleur de ses rayons ; mais tous les autres astres, par leur distance, ne sont à notre égard que comme une étincelle de feu. Une bougie bien allumée a bien plus de vertu, d’un bout de la chambre à