Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/440

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la gloire de Gustave et la mienne. Nous sommes sortis d’un pays sauvage et stérile, sans troupes, sans artillerie, sans argent ; nous avons discipliné nos soldats, formé des officiers, vaincu les armées triomphantes des Impériaux, changé la face de l’Europe, et laissé des généraux qui ont appris la guerre après nous à tout ce qu’il y a eu de grands hommes.

Richelieu. — Il y a quelque chose de vrai à tout ce que vous dites : mais, à vous entendre, on croirait que vous étiez aussi grand capitaine que Gustave.

Oxenstiern. — Je ne l’étais pas autant que lui ; mais j’entendais la guerre, et je l’ai fait assez voir après la mort de mon maître.

Richelieu. — N’aviez-vous pas Tortenson, Bannier, et le duc de Weimar, sur qui tout roulait ?

Oxenstiern. — Je n’étais pas seulement occupé des négociations pour maintenir la ligue, j’entrais encore dans tous les conseils de guerre, et ces grands hommes vous diront que j’ai eu la principale part à toutes les plus belles campagnes.

Richelieu. — Apparemment vous étiez du conseil quand on perdit la bataille de Nordlingue, qui abattit la ligue.

Oxenstiern. — J’étais dans les conseils ; mais c’est au duc de Weimar à vous répondre sur cette bataille qu’il perdit. Quand elle fut perdue, je soutins le parti découragé. L’armée suédoise demeura étrangère dans un pays où elle subsistait par mes ressources. C’est moi qui ai fait par mes soins un petit État conquis, que le duc de Weimar aurait conservé s’il eût vécu, et que vous avez usurpé indignement après sa mort. Vous m’avez