grande faiblesse que je n’avais presque plus d’autorité. Pendant ce temps-là, le prince Maurice a réduit sous sa puissance la meilleure partie des Pays-Bas, et j’ai été obligé de conclure avec lui un traité honteux, par lequel je lui laissai une partie de la Gueldre, la Hollande, la Zélande, Zutphen, Utrecht, West-Frise, Groningue et Over-Yssel, etc.
Philippe II. — Hélas ! dans quels malheurs avez-vous jeté l’Espagne !
Philippe III. — J’avoue qu’ils sont grands ; mais ils ne sont arrivés qu’en suivant votre politique. En voulant rabaisser l’orgueil des grands, je l’ai élevé ; vous avez vous-même donné commencement à la puissance des Hollandais par le commerce…
Philippe II. — Comment ?
Philippe III. — Lorsque vous conquîtes le Portugal, les Portugais faisaient tout le commerce des Indes ; quelque temps après, les Hollandais s’étant révoltés, vous voulûtes les empêcher de venir à Lisbonne. Ne sachant donc que devenir, ils allèrent prendre les marchandises à la source, et enfin ruinèrent le commerce des Portugais.
Philippe II. — Pendant ma vie, mes courtisans m’élevaient cela jusqu’aux cieux : je reconnais à présent mes fausses maximes et ma fausse politique, et qu’il n’y a rien de plus pernicieux aux rois que de se laisser entraîner par l’ambition et par la flatterie.