LXXVIII
ARISTOTE ET DESCARTES
Aristote. — J’avais entendu parler ici de votre nouvelle métaphysique, et je suis bien aise de m’en éclaircir avec vous.
Descartes. — J’ai avancé de nouveaux principes, je l’avoue ; mais je n’ai rien avancé que de vrai, à ce qu’il me semble.
Aristote. — Expliquez-moi un peu ces nouveaux principes.
Descartes. — J’ai découvert aux hommes la chose la plus importante qu’on ait découverte et qu’on découvrira : c’est que les animaux ne sont que de simples machines et de purs ressorts qui sont montés pour toutes les actions qu’on leur voit faire.
Aristote. — Oui, mais nous leur en voyons faire plusieurs qui me paraissent difficiles à expliquer par la machine. Par exemple, lorsqu’un chien suit un lièvre, direz-vous que la machine est ainsi montée ?
Descartes. — Avant que d’en venir à cette question, il faut convenir qu’il y a un Être infini.
Aristote. — Voyons un peu comment vous le pourrez prouver.
Descartes. — N’est-il pas vrai que le corps n’est qu’une simple matière ?
Aristote. — Oui.