Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/460

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Descartes. — De même l’âme n’est qu’une substance qui pense.

Aristote. — Bon.

Descartes. — Pour joindre donc cette matière et cette substance immatérielle, il est nécessaire d’un lien ; or ce lien ne peut point être matériel ; donc il est nécessaire qu’il y ait un Être tout-puissant et infini qui lie cette matière et cette substance immatérielle.

Aristote. — Pendant ma vie, je voyais bien qu’il fallait qu’il y eût quelque chose comme cela, mais cette connaissance n’était pas si distincte que vous me la rendez à présent.

Descartes. — Pour revenir à notre chien, cet Être infini et tout-puissant ne peut-il pas avoir fait des ressorts si délicats que, touchés par les corpuscules qui sortent incessamment de ce lièvre, ils fassent agir les ressorts, en sorte que cela les tire vers le lièvre ?

Aristote. — Mais, quand ce chien est en défaut et que ces corpuscules ne viennent plus lui frapper le nez, qu’est-ce qui fait que ce chien cherche de tous côtés jusqu’à ce qu’il ait retrouvé la voie ?

Descartes. — Vous entrez dans de trop petits détails, que l’on n’a pas fort approfondis.

Aristote. — Cette question vous a embarrassé, je le vois bien.

Descartes. — Mon principe fondamental est que nous ne voyons faire aux bêtes que des mouvements où l’on n’a besoin que de la machine.

Aristote. — Quoi ! quand un chien a perdu son maître et qu’il est dans un carrefour où il y a trois chemins, après avoir senti les deux premiers inutilement il prend le troisième sans