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JE N’AI JAMAIS AIMÉ MES VERS QUE NOUVEAU-NÉS

1

Je n’ai jamais aimé mes vers que nouveau-nés,
Et tièdes de mon souffle avant qu’il s’évapore.
Mais à mes propres yeux le temps les décolore,
Et voilà sur la nue un palais ruiné.

2

Une image y brillait qu’aujourd’hui je repousse ;
À peine si le vers s’imprègne d’elle encor,
Ainsi qu’au lit foulé de l’Absente, un fil d’or
Atteste le sommeil blondin et l’aîne rousse.

Court mirage ! La vie, ancelle aux tâches promptes,
Contre la molle empreinte et le cheveu fervent
Vient ouvrir la fenêtre, et appelle le vent,
Et refait le lit clos sur sa joie ou sa honte.