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Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/116

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LE PREMIER ARTISTE

L’Image.


L’Urus dort. L’Elephas antiquus est vautré
Dans la vase, et barrit faiblement dans son somme.
Aucune faim ne gronde autour de Solutré,
C’est l’aube. Un couple sort de la grotte des Hommes.

Au ras du ciel un cerf paît l’herbeux horizon.
Il brame tendrement vers l’ennemi qu’il hume.
Mais des taureaux grillés brûle un dernier tison ;
Le chasseur n’a pas faim de viande, et son flanc fume.

Son crâne épaissement feutré s’est dans la nuit
Fêlé d’un stupre énorme et griffu comme une ourse.
De l’ombre se déchire ; à sa tempe bruit
Le tendre clapotis d’une lèvre de source.

Le Cri n’est que d’hier ciselé par le Mot.
Déjà le Rêve humain, qu’effeuille la rafale
Des brutaux appétits, projette un fin rameau
Sur l’œuf crânien du grand blond Dolichocéphale.