Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA MUSE DE VILLON

I

Les maturités martelées
De ses seins blets nous touchent plus
Que les neiges immaculées
Des nénés qu’on n’a point élus.

Fi du lys qu’aux fronts la chlorose
Aristocratique a semé !
Elle, quand sa joue est moins rose,
C’est qu’hier elle a trop aimé.

Pour se venger des pénuries,
Quand la faim aiguise ses crocs,
La goinfre s’attable aux frairies
Dont la ruse a rempli les brocs.

Ce n’est point l’amoureuse niaise
Qui fait au Printemps les yeux doux ;
Elle ne se pâme point d’aise
À propos d’un carré de choux.