Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/33

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Mais si ton premier chant est ton dernier sanglot,
Si la mort t’ouvre au Styx un sillage sinistre,
Ton vol brisé survit, ô Cygne du Caïstre,
Gloire d’un peu de sang et de plume sur l’eau.

Que le sort en décide : ou Relique, ou Remords !
Remords en ta vieillesse Académicienne,
Ou Lampe d’or des piétés Athéniennes,
Fin rameau sur la tempe creuse de la Mort.

Tout est vain ; et pourtant, jouets d’un dieu caché,
L’émailleur cuit, le peintre peint, le sculpteur moule.
Poète, fais des vers, et que Sisyphe roule,
Roule éternellement l’inutile Rocher !


2 décembre 1917.
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