Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/32

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Beaux yeux que le Céleste a guéris de l’Humain !
Pas chastes et prudents qui surent les gavottes !
C’est ton Poème, Ardeur amoureuse et dévote,
Haut comme un lys dans la prière de tes mains.

Mais hâte-toi d’aimer ton bien mélodieux.
Qu’Orgueil le multiplie en ses glaces profondes.
Le cisèle une Muse en sa bouche rotonde.
Hâte-toi de l’aimer, Poète, un an ou deux !

La Mode a des décrets que le cœur doit subir :
Elle a désenvoûté du divin Lamartine
Les Amantes qui sanglotaient sur sa poitrine ;
Les Harpes ne voient plus de belles mains souffrir.

Demain, te confrontant à tes traits d’autrefois,
Tu diras : « Est-ce moi, cet homme pâle et mince,
« Macéré dans le tendre ennui de sa province ?
« Le métal est plus grave aujourd’hui de ma voix.

« Gare aux dieux restaurés qu’outrage mon bouquin !
« Que de tropes fâcheux ! De formes désuètes ! »
Pour le ravoir, aux quais tu fouilleras les boîtes.
Tu le rachèterais de ton dernier sequin.

Souvent le premier fils est un bâtard. L’aveu
Nous fait rouges devant les puînés légitimes,
Purs, eux ! d’amour naïf, purs du lyrique crime.
Et c’est la règle : Au feu, le premier livre. Au feu !