Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/50

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Quand le bel étranger qui musiquait sa voix
Disait : « Je vous salue, ô fille de Judée, »
Par l’extase au miracle aussitôt accordée,
Que fis-tu de Joseph, du Dieu persuadée ?
Ah ! s’il t’avait menti l’amour du roi des rois ?

Si, songeant que Thamar au lit trop fréquenté
Fut ton aïeule ; si, confrontant le mystère
De sa couche innocente et de ton sein prospère,
Joseph t’avait quittée, en refusant un père
Au déplorable espoir de ta fécondité ?

Il t’aimait, il se tut, le cœur dans tes tenailles ;
L’ouvrier a nourri le fils de l’Olympien.
Et vers toi maintenant, Image au ciel chrétien,
Se tournent les yeux creux des mères sans soutien,
Les bontés pour le maître accouchant sur la paille.

Ô Servante, promue au grand lit du Seigneur,
Sœur divine de la petite pécheresse,
Trop crédule, qui voulait bien être déesse !
Regarde la, saignant d’une amour larronnesse,
Pleurer sur le Jésus qui tette sa douleur.

Je vous salue, Marie.

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