Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/81

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Et la nymphe disait à la fontaine : « Vère !
« Wace est-il de retour ? Et quel est ce trouvère
« Qui ramène l’oïl au fief du Conquéror ?
« Pleureuse sœur, tais-toi, que je l’écoute encor !
« Angleterre, Angleterre !
« Wace est-il de retour ? Et quel est ce trouvère ? »

Puis du Sylvain captif, de la source, et de l’arbre,
J’allais à Westminster vers tes hommes de marbre,
Dont le rêve, le bras, le conseil ou l’oracle,
À des siècles sans foi rendirent le miracle.
Angleterre, Angleterre !
J’allais à Westminster vers tes hommes de marbre.

Mais mieux qu’au temple froid de ces grandeurs qui furent,
Et mieux qu’un nom sonore au vide d’une armure,
Mieux que Fox expirant, mieux qu’un guerrier d’airain
Sous la chlamyde grecque ou le manteau romain,
Angleterre, Angleterre !
Mieux qu’un grand nom sonore au vide d’une armure,

J’aimai ta vie et ton visage dans la joie
Des jouvencelles d’or et de flottante soie,
Transparence de lys qu’un sang de lune inonde,
Svelte calice où prie une veilleuse blonde,
Angleterre, Angleterre
Des jouvencelles d’or et de flottante soie !