Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/83

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Oh ! qu’à Sainte-Brelade, au bord du flot vermeil,
La terre eût été douce à mon dernier sommeil !
Mais ma tombe y perdrait la fréquente douceur
Des genoux de ma fille appuyés sur mon cœur.
Angleterre, Angleterre !
Ta terre eût été douce à mon dernier sommeil !

Mais, je suis prisonnier de mon futur tombeau,
Ma piété nourrit de funèbres flambeaux.
Car le mort tient le vif, en la foi survivante ;
La cendre des aïeux fait la terre parente.
Angleterre, Angleterre !
Ma piété nourrit de funèbres flambeaux.

Et c’est le seul reflet, qui sur ma tempe ait lui !
J’ai chanté sans échos, et j’ai planté sans fruit.
Déjà, je vois, du môle où s’accoude mon rêve,
Le noir flot stygien déferler sur la grève,
Angleterre, Angleterre !
J’ai chanté sans échos, et j’ai planté sans fruit.

À mon dernier matin que la brise saline,
Musicale d’avoir chanté sur tes collines,
Apporte son butin de miel, et sur mes dents
De mon âme en exil cueille le souffle ardent,
Angleterre, Angleterre !
Musicale d’avoir chanté sur tes collines.