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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/120

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spécial chargé de notes détaillées sur les nouvelles défenses à Verdun… ils comprendront.

Très bien, répondit encore le second inconnu.

— Je n’ai plus rien de particulier pour ce soir. Mais je tiens à vous prévenir d’avoir toujours l’oreille bien tendue, l’œil bien ouvert ; soyez certain, avant de communiquer une parole ou une note quelconque, qu’aucun indiscret ne se trouve mêlé à votre ombre. C’est notre salut à tous que vous portez… c’est le salut de notre grande patrie !

— Comptez sur moi, capitaine !

— J’y compte bien. Allez maintenant.

Les deux hommes se séparèrent, chacun prenant de son côté.

Celui qu’on avait appelé « capitaine » prit une vive allure, les deux mains enfouies dans les poches de son paletot, la canne sous bras.

Après dix minutes, il tourna à gauche pour s’enfoncer dans l’obscurité d’une ruelle étroite et tout à fait déserte. Il marcha dix minutes encore et s’arrêta devant une maison à deux étages dont la façade ne présentait que des volets hermétiquement clos sur ses fenêtres. Dans la clarté du jour on aurait pu lire, sur un placard posé à hauteur du premier étage, ces mots imprimés en gros caractères rouges :

IMMEUBLE À VENDRE

Évidemment la maison était inhabitée.

Cet immeuble n’offrait que porte d’entrée donnant de plein pied sur le trottoir.

L’inconnu promena autour de lui un regard circulaire et scrutateur : puis, sûr de ne pas être suivi, il introduisit une clef dans la serrure de la porte et, la minute suivante, il disparaissait dans l’intérieur de l’immeuble.

Suivons l’homme. Il se trouvait dans un couloir noir comme un four, — un chat s’y fût peut-être perdu.

Mais notre homme en connaissait les aitres : car sans se donner la peine de frotter une allumette, il enfila le couloir d’un pas assuré, s’arrêta bientôt, ouvrit une autre porte, descendit un escalier qui conduisait vers une cave, traversa un sol mou, humide, embrassé de toutes espèces de détritus jetant une odeur presque nauséabonde atteignit un second escalier puis une troisième porte qui le mit en plein air d’automne. L’inconnu, alors, se trouva dans une petite cour remplie de vieilles barriques et de caisses brisées et vermoulues, de ferrailles, d’un bric-à-brac indescriptible.

Face à l’inconnu se dessinait vaguement la silhouette d’une petite maison, ou mieux d’une baraque d’aspect fort misérable. Par l’unique fenêtre donnant sur cette cour filtrait un mince rayon de lumière. Dans la noirceur d’en-