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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/128

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Gaston, parfois on le rencontre au Café de Rome… à la Gare Saint-Lazare souvent… au Havre, à Cherbourg à Calais, un peu partout où ce monsieur Gaston semble avoir intérêt à se rendre pour ses affaires et son "commerce". Mais il arrive qu’un bon matin on a besoin de monsieur Gaston pour affaire d’urgence, à l’Hôtel Provençal, où l’on s’enquiert, répond très laconiquement :

— Cherchez monsieur Gaston !

— C’est ce que nous avons fait… et nous voilà !

— Vous voilà !… fit comme un écho la voix ahurie de monsieur Gaston.

— Et nous désirons avoir une intéressante conversation avec ce cachottier monsieur Gaston, ou mieux, ce sournois Capitaine Von Solhen envoyé à Paris en mission particulière d’espionnage pour le compte du grand État-Major de la formidable Allemagne !

— Silence… souffla monsieur Gaston d’une voix impérative mais tremblante, et en jetant autour de lui des regards de lapin effarouché.

— Pardon, capitaine, fit le moine redevenant grave et froid, nul que moi ici n’a le droit d’imposer le silence !

L’interlocuteur du terrible moine, que nous continuerons d’appeler monsieur Gaston, courba l’échine pour demeurer humble et soumis.

Le moine lui, avec son sourire ironique, parut se grandir, et ses yeux ardents lancèrent à l’espion des lueurs singulières.

Avançant de deux pas, il indiqua à Monsieur Gaston un fauteuil placé dans un coin de la pièce et commanda :

— Veuillez vous asseoir et m’écouter, capitaine !

L’Allemand obéit… il avait peur.


II

LE CAPITAINE-ESPION.


Demeuré debout et les mains toujours perdues dans les amples manches de sa robe noire, le moine mystérieux reprit :

— Monsieur Gaston, votre trouble achève la certitude que vous avez commis une faute très grave — volontaire ou non — dans l’exercice de vos fonctions.

— Hélas ! soupira Monsieur Gaston avec un geste d’abattement.