— Oui, c’est vrai. Néanmoins j’exige une nouvelle preuve de cet amour ce soir encore.
— Que veux-tu dire ?
— N’envoie pas cette lettre… déchire-la sous mes yeux !
— C’est un caprice étrange !
— Qu’importe ! Satisfaits ce caprice !
— Tu es folle !
— Père guéris la folie de ta fille !
— Ah ! Violette, ne m’oblige pas à te causer une peine dont je souffrirai beaucoup !
— Père, n’envoie pas cette lettre ! supplia Violette.
Et c’était une prière si douce, si triste !
Pourtant, Harold Spalding s’emporta tout à fait.
— Violette, s’écria-t-il d’une voix dure, je te dis que cette lettre parviendra à son destinataire. Retire-toi, je le veux.
En même temps il pesa sur un timbre.
La minute suivante un domestique raide et guindé se présentait et venait s’arrêter à deux pas de Harold, dans une attitude toute militaire.
Harold mit la lettre sous enveloppe, la cacheta, écrivit la suscription d’une main agitée.